La Suisse médiatrice dans l’affaire du Qatar?

La Suisse médiatrice dans l’affaire du Qatar?

La Suisse Médiatrice dans l’affaire du Qatar?

Une violente et grave crise diplomatique secoue actuellement la région du Golfe. En 1981, suite à la révolution iranienne, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Qatar, Bahreïn et Oman ont fondé le Conseil de coopération du Golfe (CCG) et un projet d’union entre les six Etats a été déposé par les Saoudiens ces dernières années.

Dans les années 90, le Qatar est devenu un acteur socio-économique très influent, notamment avec l’arrivée de la chaîne Al Jazeera. Cette dernière a séduit les peuples et agacé les dirigeants et les dictateurs. En 2011, le Printemps arabe et sa couverture par Al Jazeera ont accentué les clivages… Lors des élections qui ont suivi en Tunisie, au Maroc, en Libye et en Egypte, les électeurs ont été séduits par le discours des «islamistes». Les régimes saoudien, émirien et bahreïnien ont rapidement étouffé les manifestations et répondu à certaines revendications. Ces dernières années, les pays du CCG ont adopté des positions et des stratégies différentes et des fois conflictuelles. Il suffit de mentionner la vision par rapport au processus démocratique en Tunisie, l’agression israélienne contre Gaza en 2012 et en 2014, le coup d’Etat en Egypte en 2013, le conflit en Libye, la guerre en Syrie, le coup d’Etat militaire qui a échoué contre le président Erdogan l’année dernière, l’accord sur le nucléaire iranien ou même l’élection présidentielle aux Etats-Unis pour se rendre compte que les enjeux ne sont plus les mêmes. Certains discours de l’ancien président des Etats-Unis Barack Obama et de ses collaborateurs sur la démocratie et l’ouverture ont été perçus comme un soutien aux «islamistes».

Avec l’arrivée de l’homme d’affaires Donald Trump au pouvoir, certains ont considéré que le moment était venu de se débarrasser définitivement des maux du Printemps arabe, de la démocratie et des libertés. Ce que nous observons aujourd’hui est une vague de contre-révolution motivée par des désirs de haine et de vengeance. Ce courant a trouvé un soutien en la personne de Donald Trump ainsi qu’au sein des extrémistes de la droite conservatrice aux Etats-Unis. Trump a ainsi déclaré dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux qu’il désirait obtenir 20 à 30% des richesses des pays du Golfe, et cela avant de devenir président des Etats-Unis. Avec sa politique dévastatrice dans une région complexe, M. Trump ne va pas «chasser» les extrémistes et les «terroristes» ni «isoler» l’Iran comme il le souhaite. Il va au contraire donner plus de temps et de moyens aux nids du terrorisme et renforcer la présence iranienne dans la région. Si le conflit n’est pas résolu rapidement, l’Iran, la Turquie et le Pakistan vont de ce fait avoir une présence beaucoup plus visible. Le Koweït et Oman seront ainsi obligés de choisir leur camp.

La Suisse est le pays le mieux placé pour comprendre les enjeux et ainsi jouer un rôle médiateur entre l’Arabie saoudite et le Qatar afin de résoudre ce conflit. Dans le cas contraire, ce dernier pourrait avoir un impact énorme sur l’économie, le sport ainsi que la stabilité et la sécurité dans le monde. (TDG)